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Demain

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programme de l’équipe rédactionnel de Demain

à propos de la dénomination d’« Ecole de Lyon »

commentaire du décret du Saint-Office des 3-4 juillet 1907

dernier billet du 26 juillet 1907 : aux amis de « demain »

 

 

 

 

 

NOTRE PROGRAMME

 

 

Par la présente lettre, qui contient les lignes essentielles de notre programme, nous prenons la liberté d'appeler votre bienveillante attention sur le projet que voici: fonder à Lyon, foyer de vie morale de tout premier ordre et centre d'une grande action publique, une Revue d'idées générales destinée à collaborer à la restauration des esprits, et notamment de l'opinion conservatrice dans les principes d'une civilisation plus humaine et plus  chrétienne.

 

La France catholique se meurt. Mais elle succombe beaucoup moins aux attaques de ses ennemis qu'aux défaillances et aux déformations qu'elle s'inflige à elle-même, dans son propre sein. L'inefficacité d’une religion mal comprise et mal pratiquée à retenir la vie qui se retire de nous, surprend beaucoup d'observateurs à courte vue Ce phénomène de stérilité est des plus explicables cependant: la France catholique est de moins en moins chrétienne. La forme religieuse lui reste assurément. Mais le vase baptisé se vide chaque jour de son contenu spirituel et moral. De telle sorte qu'il ne subsiste plus guère chez nombre des nôtres, que l'habitude de gestes et des rites dont ils ne savent plus le sens profond ni la fécondité. Comment s'étonner ensuite si !e simulacre religieux demeure sans résultat Il s'agit donc de nous guérir tout d'abord nous-mêmes de notre propre mal. Et, puisqu'il est bien démontré que les décadences sociales sur lesquelles tant de pharisiens éternels frappeur de la poitrine d'autrui, s'offrent le triste plaisir de se lamenter toujours sans avoir l'humilité de s'en accuser jamais, ont premièrement en nous leur principe, non  combattrons moins les ennemis du dehors que nous ne trancherons en-dedans de nous-mêmes.

 

Cette intime refonte de conscience et de mentalité, qui sera l’idée directrice et fixe de notre organe, comporte un double objectif : la guerre aux égoïsmes et aux sophismes d’ordre politique, social, religieux, qui paralysent, compromettent ou font dévier l’action chrétienne ; la prédication, par des paroles appropriées aux circonstances nouvelles, du vieil idéal évangélique que la politique a banni de tant d’œuvres, de tant de cœurs, de tant de bouches.

 

Trois ordres d'idées bien définis retiendront spécialement, à cet égard, toute notre attention, feront l'objet  constant de notre sollicitude : la liberté politique, conforme à la morale fondamentale d'une religion qui a libéré les esclaves ; le devoir social, faute de quoi  l'Evangile ne serait qu'insuffisant traité de résignation à  l'usage des déshérités ; le progrès  spirituel, dont il y a d'autant moins lieu de s'effrayer, de toutes les vérités, rayons épars d'un même foyer  qui sont toutes solidaires les unes des autres. 

 

C’est à bon droit que la conscience moderne, s’inspirant de l’esprit même du christianisme, a fait de la liberté l’idéal de l’individu. Son règne, malheureusement, est plus facile à proclamer qu’à établir. D’où l’empressement que mettent à annoncer sa faillite ceux qui ont refusé d’en faire l’essai loyal quand ils étaient les maîtres et qui ne luttent pour elle que du bout des lèvres, maintenant qu’ils sont vaincus. Pour notre part, nous n’oublierons jamais que la liberté ne s’acquiert que par un perpétuel combat. Mais si nous en exigeons tout le bénéfice, nous saurons en accepter toutes les conséquences. L’amour de la liberté sera pour nous l’amour de la liberté des autres.

 

Que nous arrivions à la conquérir, et nous ne l’abandonnerons pas le jour où nous n’y trouverons plus que le profit d’autrui. Contre toute opinion triomphante, quelle que soit son excellence d’ailleurs, nous réserverons toujours l’imprescriptible droit de dissidence de l’individu. Nous n’abaisserons point la fierté sacrée de notre cause en laissant croire, par des regrets, qu’il nous est impossible de vivre dans un milieu qui nous refuse des privilèges.

 

L'amour de la liberté sera pour nous l'amour de la liberté des autres. Que nous arrivions à la conquérir, et nous ne l'abandonnerons pas, le jour où nous ne trouverons plus que le profit d'autrui. Contre toute opinion triomphante, quelque que soit son excellence, d'ailleurs, nous réserverons toujours l'imprescriptible droit de dissidence de l'individu. Nous n'abaisserons point la fierté sacrée de notre cause en laissant croire qu'il est impossible de vivre dans un milieu qui nous refuse des privilèges.

 

Rompre avec d'anciens partis sans aucunement prétendre à en constituer un nouveau, réveiller ce qu'il reste de sacerdoce engourdi aux pieds des autorités humaines, enseigner au peuple qu'il possède un droit inaliénable de révolte quand ses chefs deviennent des tyrans, leurs décrets de proscriptions fusent-ils signés au nom de la liberté, ne sera qu'une partie de notre œuvre. Au nom de la liberté, nous aussi, et de la morale chrétienne, nous nous jetterons hardiment dans, le grand courant démocratique. « La religion qu'il nous faut aujourd'hui, écrivait naguère l'archevêque Ireland, ne consiste pas à chanter de belles antiennes dans des stalles de cathédrales tandis qu'il n'y a de multitude ni dans la nef ni dans les bas-côtés, et qu'au dehors le monde meurt d'inanition spirituelle et morale… Dans la cité de demain, la question des pauvres est celle qui réclame de nous la plus urgente solution. Sans doute, l’inégalité est une des grandes lois de la nature et rien ne l’abrogera. Cette évidence ne doit pas nous être une raison de couvrir notre égoïsme de détours ingénieux. Il faut à une république, non pas la communauté des biens, comme le voulait Platon, mais leur répartition la plus équitable. Citoyens des temps à venir, nous collaborerons à l’avènement d’une organisation sociale qui s’efforcera de ne laisser périr aucun être humain faute d’un morceau de pain et d’un abri. – Par démocratie, est-il besoin de le dire, nous n’entendons pas la théocratie inédite qui ferait dépendre le juste et l’injuste de la décision du plus grand nombre, chargerait l’Etat du bonheur public, conduirait le troupeau humain tout entier aux mêmes destinées et aux mêmes pâturages ; non, mais le christianisme en action, qui exige le don mutuel de l’homme à l’homme, qui nous oblige à considérer un frère en chacun de nos semblables et un frère préféré dans le plus malheureux, qui incline la cruelle loi du plus fort devant les droits de l’infirme, de la femme, de l’enfant, qui fait de la propriété individuelle la moins contestable et la mieux déterminée, une charge sociale et non le droit sans restriction, la possessions sans condition des codes païens, qui consacre enfin, par les mœurs et par les lois, « l’éminente dignité du travail et des travailleurs ».

 

Nous ne nous bornerons pas à lutter contre la misère physique. Nous pourchasserons de toutes nos forces, à travers la foule, la misère intellectuelle. Pour subsister désormais en France, le christianisme doit se désolidariser de tous les partis de réaction, aussi bien de réaction intellectuelle que de réaction sociale et politique. L’esprit critique a pénétré dans tous les domaines ; rien ne l’arrêtera plus. Le meilleur est de s’en accommoder et de ne faire usage que de procédés scientifiques. Pour nous, toute vérité démontrée sera une vérité orthodoxe. Le jour, cependant, où la science prétendrait borner le code de la société humaine aux seules lois de la nature, nous nous souviendrions qu’au-dessus de la science il y a la conscience et la morale chrétienne, commises à la sauvegarde des pauvres et des petits. – Notre but n’étant pas de dogmatiser pour notre propre compte, mais de coopérer à la formation des esprits, nous ne serons inféodés à aucune école. Tout en faisant une large place aux échanges de vues profitables, nous nous abstiendrons soigneusement des polémiques irritantes et vaines, pour rester largement ouverts à tout ce qui est vraiment vivant. Nous ne soutiendrons rien d’ailleurs avec cette logique amère et brutale qui perd tant de causes. Des esprits à redresser ne sont pas des esprits à bouleverser par l’impromptu et l’absolu. Nous ne rationaliserons pas le sentiment religieux ; et ce ne sera certes pas l’amoindrir que de le rendre plus conscient et plus désintéressé, le dégageant seulement de la superstition et du mercantilisme.

 

Pour propager de tels principes et les défendre dans le milieu où nous vivons, nous nous proposons de fonder un organe uniquement consacré à réaliser sur le terrain de l’actualité et de la vie courante, le programme que nous venons d’exposer et de définir.

 

Le livre et la Revue constituent, désormais, à peu de choses près, le seul véhicule possible de la vérité. La presse quotidienne, serve de nécessités matérielles qu’elle s’est créées, est de plus en plus dans l’impossibilité de traiter les questions essentielles. La raison en est simple : la presse quotidienne est devenue une industrie. Elle est outillée aujourd’hui pour tous les services, excepté celui de la vérité. Une énorme publicité commerciale, dont l’impudente malhonnêteté devrait bien souvent promouvoir la sollicitude des lois, et un grand nombre de lecteurs avides d’être distraits ou confirmés dans leurs préjugés, voilà ce qu’il lui faut à tout prix. Sinon, c’est la mort. C’est ainsi que le journal proprement dit, qui était jadis l’organe d’une idée ou d’une opinion, n’est plus guère maintenant, à quelques honorables exceptions près, qu’un instrument de curiosité, de sensations plus ou moins malsaines, de spéculation et de commerce équivoques, bien souvent. Les journaux même qu’on s’accorde à qualifier de « bien pensants » ne peuvent pas toujours se soustraire à l’avilissante nécessité de vivre par tous les moyens. Comment, dans ces conditions, exiger d’eux la courageuse passion de la vérité et du bien ? – La Revue bien comprise, d’assez fréquente périodicité, de prix abordable, la Revue vigilante, libre, réfléchie est donc le dernier refuge de l’ancien journalisme d’idéal et de combat qui pensait, raisonnait et savait s’exprimer, tout en faisant son œuvre de justice et d’éducation. Laissant aux industriels du « bruit qui court » le soin d’amuser chaque jour pendant un instant la foule qui passe, il lui appartient de reprendre auprès du public éclairé le rôle d’initiatrice et de vulgarisatrice des idées nécessaires, à mesure que la feuille quotidienne, inapte à penser et à moraliser, s’enlise et s’avilit dans ses destins industriels.

 

C’est pour la constitution d’une œuvre de cette nature dont nous avons défini de notre mieux l’objet et la nécessité, que nous faisons aujourd’hui appel au concours de tous ceux qui partagent nos aspirations et notre idéal.

 

Des esprits timides pour qui tout progrès est une menace et demain le synonyme d’impossible, traiteront notre idéal d’utopie. Nous leur démontrerons, par notre invincible ardeur à le faire descendre du domaine des idées dans celui des forces et des faits, qu’il est des buts auxquels Dieu ne veut pas que manquent les moyens. On nous blâmera peut-être aussi de parler d’espérance en une heure comme celle-ci ; on dira que nous refusons de voir les épreuves de la religion, de la patrie, de la liberté. Nous répondrons que, loin de méconnaître le mal, nous venons le combattre, mais le combattre sur le principal terrain de son triomphe, c’est-à-dire en nous-mêmes, dans notre passivité, notre égoïsme, notre ignorance.

 

L’arme que nous demandons à nos amis de nous mettre entre les mains ne sera pas compliquée. Nous penserons avec précision ; nous écrirons avec clarté et simplicité. La bataille des idées ne comporte pas de ruses. Pour nous, toute vérité sera bonne à dire. Offrir beaucoup d’idées essentielles sous le volume littéraire le plus réduit, sera notre principale préoccupation d’écrivains. Nous ne rédigerons pas, bien entendu, une encyclopédie méthodique. L’actualité seule dirigera notre action. Nous tâcherons cependant de constituer une réserve d’idées directrices dans le domaine que nous venons de délimiter.

 

Nous serons optimistes. Nous aurons confiance en l’indéfectible vertu des grandes causes que nous allons soutenir. Mais, pour être optimistes, nous ne serons pas présomptueux. Nous ne ferons point une œuvre jalouse et personnelle. Nous proclamerons la pensée d’autrui, en même temps que nous nous en prévaudrons, de telle sorte que, loin d’être une concurrence pour quelques-uns, nous soyons un adjuvant pour tous. Nous réaliserons, en un mot, notre programme avec toute la générosité et la hauteur de vues possibles. Nous serons les fils entêtés de la liberté, de la démocratie, de la lumière.

 

DEMAIN

 

 

 

 

 

 

 

L’« ECOLE DE LYON »

 

 

La Croix, dont l’affectueuse sollicitude nous avait jusqu’à ce jour échappée, écrit qu’elle vient d’éprouver « un profond sentiment de chrétienne tristesse » en lisant les lignes suivantes que la revue maçonnique l’Acacia aurait consacrées à Demain. Ces lignes, les voici. Nous les reproduisons d’après la Croix elle-même :

 

Les catholiques comme l’abbé Jehan de Bonnefoy sont rares, nous l’avons dit. Certains détails échappés à sa plume semblent indiquer qu’il appartient à cette élite de penseurs religieux qui constitue ce qu’on appelle « l’école de Lyon ». Ils sont là-bas, dans la grande cité d’entre Saône et Rhône, toute une pléiade d’esprits fiers, de cœurs généreux, qui voudraient réconcilier le catholicisme avec la pensée moderne, la société d’aujourd’hui et celle de demain avec l’Eglise. L’affaire Dreyfus a, pour ainsi dire, sonné parmi eux la diane, et c’est dès lors qu’ils ont entrepris la lutte contre le cléricalisme, tout en demeurant catholiques. Un jour peut-être nous nous donnerons le plaisir de présenter à nos lecteurs de l’Acacia l’histoire complète de cette intéressante école et de ses principaux adeptes.

 

Demain, qui d’ailleurs n’est aucunement mis en cause dans les lignes précitées, a déjà eu l’occasion de déclarer publiquement qu’il n’avait rien de commun avec une école de Lyon constituée par une élite de penseurs religieux de cette ville, école dont il ignore jusqu’à l’existence.

 

La Croix qui épluche Demain avec le plus grand soin, semble-t-il, guettant ses moindres gestes dans l’espoir d’y découvrir oubli ou écart dont elle puisse illustrer son zèle, qui reproduit avec autant d’empressement et de complaisance toutes les malveillances et les attaques dont nous sommes assaillis qu’elle néglige soigneusement d’insérer nos justifications, devrait le savoir.

 

Elle en est du moins présentement informée. Nous ne nous faisons aucune illusion d’ailleurs sur le résultat de cette rectification nouvelle. Et il faut savoir prendre son parti du mensonge et de la calomnie. Il nous répugne, toutefois, après les vilenies que cette feuille nous prodigue, de voir colorer d’un sentiment de chrétienne tristesse ce que nous avons le droit formel de ne considérer que comme l’expression d’une malveillance nouvelle.

 

 

 

 

 

 

 

Le Décret du Saint-Office

 

 

Le décret de la Sacrée Congrégation de l’Inquisition, ou Saint-Office, qui vient de paraître, contient soixante-cinq propositions proscrites, dont le plus grand nombre a trait à l’exégèse et aux origines chrétiennes.

 

Pour savoir au juste quelle est la valeur et la portée de ce document, il faut se rappeler tout d’abord que « la question d’infaillibilité ne se pose même pas, quand il s’agit d’un décret d’une congrégation, quelle qu’elle soit, eût-elle comme préfet le pape lui-même » (L.CHOUPIN, sj, Valeur des décisions doctrinales et disciplinaires du Saint-Siège, p.139). Le nouveau décret du Saint-Office se présente donc à nous comme étant du même ordre que le décret qui condamna le système de Copernic et de Galilée ou la décision plus récente du même tribunal relative à l’authenticité du verset des trois témoins. Ce n’est aucunement une définition infaillible et irréformable.

 

Il convient donc si l’on veut juger sans parti pris ces soixante-cinq propositions, d’examiner chacune d’elles en particulier. On constatera alors qu’elles sont de valeur inégale.

 

C’est ainsi qu’on admettra facilement avec la proposition VI que le rôle de l’Eglise enseignante ne se borne pas à sanctionner les opinions de l’Eglise enseignée, mais on souscrira moins facilement à la proposition XXXIX, d’une rédaction peu claire et de laquelle il résulte que les Pères du Concile de Trente pensaient sur l’origine des sacrements comme les historiens modernes.

 

Nous ne saurions passer en revue tous les articles du décret, ni devancer une mise au point que, seules, l’expérience même et la vie de l’Eglise peuvent accomplir. Marquons seulement quelles seront les conséquences immédiates de l’intervention du Saint-Office.

 

Il faut noter, en effet, qu’au point de vue disciplinaire le décret s’impose à l’enseignement catholique, de telle sorte que les propositions énoncées ne puissent être publiquement soutenues. Or, à ce point de vue, il suffit de citer les articles XI et XII pour montrer qu’il proscrit radicalement la critique exégétique, - car on entend bien qu’il n’y a pas critique là où il y a des conclusions a priori obligatoires. L’article XI établit que l’inspiration s’étend à toute la Bible, - ce qui ne saurait faire de doute pour un catholique, - et qu’elle « en garantit toutes et chacune des parties de toute erreur ». Prise à la lettre, cette seconde partie de la proposition est la condamnation de l’enseignement de la plupart des chaires catholiques d’exégèse (celles de Rome exceptées), d’après lequel l’axiome : « Il n’y a pas d’erreur dans la Bible » s’applique uniquement aux vérités religieuses et morales, non aux affirmations scientifiques.

 

La proposition XII est très explicite aussi, qui dénie à l’historien le droit d’étudier la Bible par les procédés critiques qu’il emploie pour les autres documents humains.

 

De l’étude de ces prohibitions qui viennent s’ajouter ainsi aux réponses de la Commission biblique, on peut donc conclure que, pour autant qu’il sera appliqué, le décret du Saint-Office anéantira dans les écoles catholiques la critique exégétique pour y substituer une explication apologétique et morale. Nous disons « pour autant qu’il sera appliqué », car on ne tardera pas à être convaincu, même à Rome, de la nécessité d’abandonner certaines de ses prohibitions, si l’on ne veut être acculé à une dangereuse impasse : entraver le libre exercice de la critique et ruiner ainsi la raison, en même temps qu’on y fait appel pour échapper au fidéisme.

 

Il convient enfin de remarquer que l’élaboration et la publication de ce décret exégétique coïncide avec l’introduction dans notre enseignement public de l’histoire critique des religions et spécialement des origines chrétiennes.

 

 

 

 

 

 

 

 

Aux amis de « Demain », n°92, le 26 juillet 1907

 

 

A partir de ce jour et pour une durée de quelques mois, Demain suspend sa publication. Il prend cette décision en toute indépendance, assuré qu'elle sera comprise. Ses amis, dont le nombre s'est sans cesse accru, forment une invincible légion d'âmes droites et désintéressées. Ils lui ont prouvé, par une fidélité dont nulle calomnie n'a pu venir à bout et par une collaboration de jour en jour plus active, leur attachement à son œuvre de loyauté chrétienne. Après les derniers événements, les intentions et les idées des catholiques les plus sincères ont été à ce point obscurcies et méconnues, qu'il lui paraît nécessaire d'attendre que le calme se soit rétabli pour pouvoir continuer son labeur en dehors de toute préoccupation étrangère. Cherchant uniquement la vérité, Demain refuse de s'abaisser à des polémiques irritantes et vaines. Ce sacrifice fait à la paix des âmes aussi bien qu'à la probité intellectuelle, c'est uniquement pour obéir à sa conscience et en pleine liberté, sans qu'il ait été demandé, encore moins imposé par personne, que Demain l'accomplit. L'œuvre souveraine du temps est plus rapide que jamais. Quand le moment tout prochain de se remettre au travail sera venu, c'est avec le concours de tous ceux qui croient que la religion du Christ n'a pas de pires ennemis que le mensonge et l'esprit de secte, que Demain reprendra sa tâche.

 

 

AVIS IMPORTANT

Nous serons très heureux de rester en relations avec nos amis – abonnés ou lecteurs inconnus – qui voudront bien s’adresser à nous. Les bureaux de la revue restent ouverts et la correspondance peut être adressée, comme devant, au directeur, au rédacteur en chef et à l’administrateur.

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Les abonnements en cours seront continués d’office dès notre prochaine réapparition, pour leur période restante.